Au Château de Messilhac
En bordure du monde, à la lisière des vents,
Sa façade de pierre, ses toitures de lauzes
Semblent se souvenir qu’ici auparavant
Vivait une princesse aux douces lèvres roses
Dont la blondeur de rêve et les yeux bleus brillants
Semaient le trouble au cœur des hommes de la cour
Chacun la désirait et se montrait vaillant
À la guerre ou au bal dans ses plus beaux atours
Son mari, fou de rage, l’enfermait en ces lieux
Car il prenait ombrage des sourires que Guise
Adressait à sa femme et du feu de ses yeux.
De revoir ce rival sa jalousie s’aiguise
Même le frère du roi, l’élégant duc d’Anjou
Fut surpris et charmé dès l’instant qu’il la vit
Lumineuse sur l’eau ayant le rouge aux joues
Dans sa robe pourprée ravissante à l’envie.
Ces trois puissants seigneurs, jeunes, braves et fiers
Se jalousent l’un l’autre et vident leur querelle
Par des propos blessants ou en croisant le fer,
Orgueilleux et virils, mais se soucient-ils d’elle ?
De son être intérieur, de ses propres désirs ?
Un seul la regardait avec les yeux de l’âme.
En silence, en secret, il souffrait à mourir
Et pour elle, il mourut : le Comte de Chabannes.
Poème écrit lors d'une visite au château de Messilhac, novembre 2019
Ton bon sourire et ta gaîté
Tes blagues et tes éclats de rire
Qui cachaient ta fragilité
Il est bien trop tôt pour mourir
Tu aimais les fleurs et les arbres
Le mouvement et le grand air
Ton corps va dormir sous les marbres
Ton âme vole dans l’éther
D’où tu entends et nous regardes
Avec ton sourire malicieux
Tu quittes tout et tu ne gardes
Que l’amour qui parcourt les cieux
le 7 septembre 2020
Était un vent de mort
Vous en voulez encore ?
Je remonte sur scène
Vous trouvez ça obscène ?
La justice est passée
Me lavant du passé
Après un purgatoire
De trois ou quatre années
Je remets ça en noir
Pour mieux vous fasciner
Ceux qui viennent me voir
Je veux les entraîner
Dans les noires profondeurs
Qui absorbent mon cœur
Ils ont choisi ma cause
Partageant ma détresse
Le noir contre le rose
Tant pis pour la faiblesse
Les forts ont des épaules
Un bras long et puissant
Me voici dans mon rôle
Mon nom vaut de l’argent
Et bien d’autres que moi
Ont démoli des filles
Pourquoi toujours vers moi
Vos yeux calmes et tranquilles
Me jugent et me reprochent
Quand j’ai purgé ma peine
Ces vieux coups de taloche
Dans l’alcool et la haine
Je remonte sur scène
Vous trouvez ça obscène ?
La justice est passée
Me lavant du passé
Le vent qui m’a porté
Le vent que j’ai chanté
Dans une nuit d’été
Était un vent de mort
Vous en voulez encore ?
Sophie Desestoiles, le 8 mars 2018
En hommage à Marie Trintignant, Kristina Rady
et à toutes les victimes, femmes ou hommes, de violences conjugales
Hommage à mon ami Gonzague disparu brutalement le 8 août 2017
Ce rapprochement avec Balzac, j'en ai eu conscience après des échanges avec lui pendant une douzaine d'années. Je l'ai revu fin juillet 2017 sur l'île de Ré, il m'a confirmé qu'il approuvait tout à fait ce que je publie sur lui, et c'est donc avec son accord réitéré que je me permets de publier ce qui suit, ainsi que quelques pages sur lui,sur le général Desaix et Balzac, dans mon livre intitulé, Et Si Platon avait raison, qui fait la synthèse de mes recherches.
Dès votre enfance au Clos-Lucé
Votre esprit s’ouvrit aux beaux-arts
Ce château est plus qu’un musée
Y règne l’âme de Léonard
Glisser sur l’onde de la
Loire
Sous le soleil de l’enfance
Lancer très haut le bel espoir
Et effeuiller l’Histoire de France
Malgré un séjour à Brighton
Vous jeune enfant en cet exil
Vous gardiez l’esprit
qui s’étonne
Un œil brillant sous de longs cils
Dans le grand parc mimer la guerre
Et remonter le fil du temps
Juste pour jouer avec vos frères
Mais où sont les neiges d’antan ?
Rêver aux dames de jadis
Caché dans un réduit secret
Tendres étreintes paradis
Éduquent le très fin lettré
Parfois vous rêviez à Desaix
Le beau sultan
de Bonaparte
Qui donna sa vie pour la paix
Nul ne sait quand il faut qu’on parte
Grand romancier et historien
Vous ressemblez tant à Balzac
Qu’il est aisé de faire le lien
Plus que la rime avec
Gonzague
Et de surcroît bon orateur
Homme de culture et d’esprit
J’ai reconnu votre grand cœur
Pour vous ami ce soir je prie
le 9 août 2017 au soir
Un air de Voltaire
Parcourant l’œuvre de William Blake
Un portrait qu’il grava de Voltaire
Ce visage, mystère ou remake
Me fit dire, je ne veux le taire :
Ah ! ça, oui, je connais ce garçon,
Son fort long nez et son large front
Son œil si vif, son air polisson
Et son mordant contre les affronts.
Or je pensai sans contrefaçon
À un auteur à mille facettes
Dont par humour je tairai le nom
Vous reconnaîtrez bien ses fossettes !
Ne va-t-il pas sous l’or des lambris
De l’air de Paris, du bel esprit
En habit vert et en cheveux gris
Doutant de Dieu que pourtant il prie ?
poème écrit à l'exposition William Blake, Paris, 1er mai 2009
publié le 6 décembre 2017